PLF 2026 : des mesures logement à contre-sens de l'urgence

27/10/2025

Le gouvernement a présenté son projet de loi de finances (PLF) pour 2026. Alors que le Conseil économique, social et environnemental (CESE) alertait sur une crise du logement historique, le PLF 2026 tourne le dos à toute ambition sociale et écologique.

Derrière quelques ajustements techniques, aucune relance ne se profile. Pas d'investissement massif, pas de vision pluriannuelle mais la même logique d'austérité et de désengagement de l'État. Les aides au logement, la rénovation énergétique, la construction sociale ou l'aménagement urbain sont rabotés ou différés. Dans le même temps, les besoins explosent : flambée des loyers, effondrement de la construction, explosion des demandes de logements sociaux.

Pour l'UNSA, ce budget ne répond pas à la crise, il l'aggrave. Le logement n'est pas une dépense, mais un investissement social, écologique et humain. Le coût de l'inaction sociale et climatique sera malheureusement de plus en plus élevé.

Des mesures qui affaiblissent le logement social

En maintenant les ponctions sur les bailleurs et en gelant le Fonds national des aides à la pierre (FNAP), l'État freine la production de logements abordables et laisse prospérer la spéculation. L'absence d'un véritable statut du bailleur privé responsable dans le PLF prive la politique du logement d'un levier important pour atténuer la pénurie actuelle. Faute d'une offre suffisante, les recours DALO explosent et des millions d'euros sont engloutis dans le contentieux plutôt que dans la construction.

Dans le même mouvement, les APL sont fragilisées. Leur gel, couplé à la suppression pour une partie des étudiants étrangers, pénaliserait six millions de ménages et quelque 300 000 étudiants. Outil essentiel de prévention des impayés et de cohésion sociale, les APL devraient au contraire être revalorisées et rendues universelles. Parallèlement, la rénovation énergétique s'essouffle : recentrée sur des chantiers lourds, MaPrimeRénov' devient inaccessible aux ménages modestes tandis que le parc social voit le soutien public s'éteindre, affaiblissant à la fois la transition écologique et l'emploi local.

Des mesures qui creusent les inégalités

Concernant l'hébergement d'urgence, la dotation en hausse ne suffit pas à répondre aux demandes qui ont bondi de 50 % en cinq ans. Les parcours sont à l'arrêt : faute de logements accessibles et avec des moyens de prévention des expulsions en recul, toujours plus de personnes basculent dans le sans-abrisme. L'urgence ne peut tenir lieu de politique : il faut une véritable stratégie de logement d'insertion, articulée avec la santé, l'emploi et la prévention, pour permettre à chacun de retrouver une stabilité durable.

Quant au Nouveau programme national de rénovation urbaine (NPNRU), il est prolongé sans ambition nouvelle. Il prive les quartiers prioritaires, pourtant au cœur des fractures sociales et territoriales, d'une véritable stratégie globale articulant habitat, emploi, services publics et transition écologique. Faute d'une politique cohérente et de moyens à la hauteur, les inégalités urbaines se creusent et les dynamiques locales s'essoufflent, fragilisant encore les liens sociaux et la cohésion des territoires.

Avec ces mesures, le PLF 2026 renonce à un droit effectif à un logement digne pour toutes et tous. Sous couvert de rigueur budgétaire, il sacrifie la solidarité et considère le logement comme une charge alors qu'il est un levier de justice sociale et de transition écologique.

🧭 L'UNSA a appelé les parlementaires à réécrire en profondeur le budget du logement afin d'adopter un budget juste, solidaire et durable, à la hauteur du principe républicain de protection des plus fragiles et du droit de chacun à vivre dignement. Elle les invite à réorienter les choix budgétaires vers :

• la sanctuarisation des investissements publics dans le logement social,
• la revalorisation des APL et la garantie de leur universalité,
• un plan massif de rénovation énergétique juste et accessible,
• une politique de la ville ambitieuse et équitable,
• une fiscalité plus juste sur les patrimoines financiers et la conditionnalité des aides aux entreprises.

Crédit image FREEPIK